Vietnam

Le regard que l’on porte sur un pays et son peuple n’est jamais innocent.

Mes premières impressions du Vietnam remontent à février 2004. J’avais bien sûr à l’esprit le souvenir encore récent d’une guerre interminable menée par un peuple vaillant qui, après s’être débarrassé du colonisateur français, avait réussi à bouter le géant américain hors de ses frontières. Je ne saurais affirmer avec certitude qu’il y avait chez moi une part d’admiration pour ce « petit » peuple étonnant, mais à coup sûr le Vietnam ne m’était pas indifférent. Il est d’ailleurs surprenant – et ce souvenir ne m’est revenu que bien plus tard – que j’aie choisi dans le passé fréquemment pour exemple, afin d’illustrer ce qui se cache derrière le concept de « Heimat », de raconter mensongèrement à mes élèves que j’étais né à Hanoi, ce qui ne faisait pas de moi pour autant un Vietnamien.

Mon avion s’était posé à Tan Son Nhat en provenance de Phnom Penh. J’arrivais à Ho Chi Minh Ville, nom que porte officiellement Saïgon depuis la victoire du Nord-Vietnam sur le sud en 1975. Je n’aime guère les voyages touristiques en groupe. Ma décision de participer à celui-ci en compagnie d’une douzaine de personnes avait eu pour première motivation mon intérêt pour le site d’Angkor au Cambodge. La découverte rapide du Vietnam m’apparaissait comme subsidiaire. J’étais loin d’imaginer tous les changements qui allaient intervenir dans ma vie à la suite de ce premier contact. J’étais en outre dans une disposition d’esprit peu favorable car si le site d’Angkor m’avait fasciné, notre guide avait reçu pendant que je découvrais le Tonlé Sap, un coup de fil confus dont il ressortait qu’un des membres de ma famille était décédé, sans que je sache qui était le défunt. J’avais hâte de joindre la France pour en savoir plus.

La ville qu’on découvre quand on va de l’aéroport international au Chancery, l’hôtel où nous étions logés, n’a au premier coup d’œil rien de séduisant. Enfin installé à l’hôtel, j’apprenais le décès de mon père. Il était trop tard pour que je puisse rentrer en France à temps pour les obsèques. Voilà les conditions dans lesquelles j’ai découvert Saïgon. Les deux brèves journées qui ont suivi m’ont laissé le souvenir d’une ville indéfinissable. C’est peut-être cela qui m’a incité à y revenir, un besoin de comprendre ce qui vous est immédiatement inaccessible.

Hué, Danang, Hoi An, Hanoï, la baie d’Halong furent les étapes suivantes de ce premier voyage, autant de sites touristiquement plus attrayants que Saïgon. C’est cependant à Saïgon que je suis revenu dès février 2005 pour y rencontrer celle qui m’incita à y revenir dès avril pour une nouvelle quinzaine, puis en juillet-août pour les vacances d’été, puis fin octobre pour les préparatifs de notre mariage et en décembre pour convoler en justes noces. Depuis quelques années et au gré de mes voyages, au fil des découvertes j’essaie petit à petit de comprendre cette ville que j’ai appris à aimer, ce pays si riche de différences et ce peuple à la fois énigmatique et chaleureux. Maintenant je regarde grandir notre fils franco-vietnamien et j’espère que nos deux cultures se marieront en lui le plus harmonieusement possible.

Les instantanés présentés dans cette galerie sont à la fois publicitaires en ce sens qu’ils veulent donner envie d’aller au Vietnam et, en même temps, ils reflètent la réalité vietnamienne sans volonté esthétisante de ma part.

Le Vietnam est tout simplement un beau pays.