Être femme en Orient

« Être femme en Orient » - il semble bien prétentieux de vouloir en quelques photographies rendre compte d’un thème aussi vaste. Ce n’est donc certes pas à une présentation photographique exhaustive de la thématique et encore moins à un parcours au travers des innombrables pays d’Asie que je vous convie mais bien plutôt à porter votre regard sur quelques portraits qui - je l’espère - vous parleront et derrière lesquels vous devinerez quelque chose de la vie de ces femmes dans des régions à l’est de l’Europe.

Les mutations que connaissent les sociétés en Orient et en particulier en Extrême-Orient sont actuellement très rapides. L’apparition du confort moderne dans les foyers des zones reculées, par exemple de l’électricité et, suivant rapidement, de la télévision, modifie la façon de vivre de populations jusque là isolées. Il s’en suivra un certain formatage, dans un premier temps, au moins dans l’apparence. Ainsi disparaîtront un jour, par exemple, les costumes des Hmong, des Yao, des Akha ou des femmes ladakhi au profit, peut-être, des jeans occidentaux. La condition féminine connaîtra sans nul doute des changements plus profonds. Ici le photographe voudrait humblement suspendre le vol du temps pour vous donner celui de la réflexion.

Du Moyen- à l’Extrême-Orient, les trente photographies exposées ont été prises au cours de mes périples en Asie entre 1997 et 2007. Il ne s’agit là que d’une partie d’un ensemble plus vaste à exposer ultérieurement.

Ces photos sont toutes des images fortuites. Quelque chose m’a frappé ou attiré, bouleversé ou séduit et, ayant toujours mon appareil à portée de main, j’ai immédiatement, j’oserais presque dire « instinctivement » déclenché. Ces photos n’ont par conséquent, pas été prises initialement dans un but précis. Le projet qui aboutit à cette exposition est né beaucoup plus tard de la sélection et de la juxtaposition d’images. De cette juxtaposition naît un sens.

Pour moi le premier regard porté sur la scène que je décide de photographier, parce que le tableau me séduit, s’enrichit ensuite seulement du savoir et de l’imaginaire lorsqu’on regarde la photo. Il se modifie encore quand on juxtapose plusieurs images. Alors et, en somme, tout simplement, plus on regarde, plus on voit.

Toutes ces photos sont des images instantanées. Elles n’ont pas été mises en scène ni posées. En cela elles ne mentent pas. Elles représentent des espaces de secondes dans la vie de femmes d’Asie dans toute la diversité de cet immense continent. Ces images nous racontent parfois simplement au travers d’un détail, quelque chose de la vie de ces femmes, de leur condition, de leur joie de vivre, de leur souffrance ou de leurs secrets.

Ce ne sont pas des images volées. Toutes ces femmes m’ont vu les approcher pour les photographier et ne se sont pas détournées. Les focales utilisées impliquaient souvent une certaine proximité. Par ailleurs, je n’aime pas me cacher pour prendre une photo.

Peu de ces brèves rencontres ont donné lieu à une communication verbale développée. Beaucoup se sont limitées à l’échange de quelques mots, d’un signe ou d’un sourire.